mardi 9 novembre 2010

Entrailles: premier bilan

C'est toujours une gageure de commencer une création dans cette compagnie. Il y a une forte envie d'aventure humaine et artistique, un désir de se perdre dans la création. Après quelques résidences et deux présentations de travail, la tonalité artistique d'Entrailles est cernée. Un mélange d'installations  plastiques et sonores au service de l'intime de la vie d'une femme qui plonge le spectateur dans une sorte de nature transgressée. Pour ce qui est de l'aventure humaine, l'équipe est prolixe. Antoine est toujours aussi généreusement décalé (je vous invite à voir son blog: l'extravagant quotidien) et la collaboration avec Gab devient très stimulante pour les deux. Andreea trouve ses marques dans notre façon particulière de travailler et de diriger Zabote et moi (Zabote étant plus sur le texte et sous-texte et moi sur le jeu). Thierry n'arrête plus d'imaginer les possibles sur ce dispositif.
Maintenant c'est l'hiver, nous allons travailler au chaud. Dans un premier temps nous construisons une maquette avec Thierry qui définira exactement les éléments de scéno, puis elle servira de support pour écrire le storyboard qui permettra de projeter les différentes écritures sur le papier. Michael

vendredi 5 novembre 2010

la presse


CULTURE

QUARANTE MINUTES POUR SÉDUIRE UN PROGRAMMATEUR

L’espace BMK-Théâtre du Saulcy de Metz accueille, jusqu’à ce soir, la 5 e édition des Plateaux Lorrains. Quatre compagnies régionales ont été retenues pour montrer une esquisse de leur prochaine création.
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Quatre projets à découvrir ce soir
Dans la salle, il y a des programmateurs de toute la Lorraine, tous labels confondus (centre dramatique national, scène nationale, scène conventionnée…), des compagnies mais aussi quelques vrais spectateurs. « Dès la première édition des Plateaux Lorrains en 2005, nous avons tenu à associer le public pour que cela ne fasse pas concours d’agrégation ou jury de thèse », explique Alain Billon, responsable de la programmation de l’espace Bernard-Marie Koltès-Théâtre du Saulcy, à Metz, et organisateur, cette année, pour la première fois, de cette manifestation en faveur de la création artistique Lorraine. « Le public sait qu’il ne vient pas voir un spectacle mais une maquette ; chaque compagnie invitée a eu le libre choix d’une lecture, d’une mise en espace ou de la présentation d’une scène », rappelle-t-il.
Vingt candidatures
Hier soir, elles sont quatre, parmi les vingt compagnies qui ont posé leur candidature en juin, à avoir la chance de montrer pendant quarante minutes (durée maximale) ce qui ressemble à une proposition ou à une esquisse d’une création qui verra le jour à la saison prochaine (lire par ailleurs). « Le hasard a voulu qu’il y ait une compagnie par département », reconnaît, un brin amusé Alain Billon, précisant que les choix, fondés sur la qualité artistique et l’originalité, ont émané « d’un jury présidé par Michel Simonot [qu’il a] connu du temps du Théâtre Populaire de Lorraine » . Pour l’accompagner dans ses choix, le metteur en scène et sociologue de la culture a été entouré du maître des lieux et de son adjoint Fabrice Schmitt, mais aussi du metteur en scène Bertrand Sinapi, de Frédéric Simon, directeur du Carreau de Forbach et de Vincent Adelus, adjoint au directeur du CDN-Nest de Thionville. « Ce sont quatre projets qui questionnent la représentation du monde », affirme-t-il d’emblée.
Chaussée de bottes en caoutchouc et gantée de rouge, Véronique Albert de la compagnie Nunatak (Moselle), est la première à ouvrir le feu avec une proposition qui mêle la danse à des objets du quotidien (un fauteuil, un cône de chantier, une couverture de survie) sur des textes poétiques. Cela bruisse et cela se froisse… Les autres projets sont, eux aussi, assez hybrides, associant texte et musique, texte et installation plastique ou simplement théâtre. A l’issue des quarante minutes, vingt minutes permettent au public d’échanger avec l’équipe artistique. « Il y a un autre rendez-vous prévu à 22 h, uniquement entre les compagnies et les professionnels », tient à préciser Alain Billon. Car c’est bien là tout le sens de cette initiative lancée en 2005 par trois directeurs de théâtres lorrains (le CDN de Thionville-Lorraine, le Carreau de Forbach et le Théâtre du Saulcy) et financé à hauteur de 32 000 € par la Région Lorraine. « Nous voulons que les programmateurs, les acheteurs, les producteurs puissent juger sur pièce et pas seulement à partir d’un dossier », revendique Alain Billon. Hier soir, il regrettait que l’Office national de diffusion artistique n’ait pas fait le déplacement. L’an dernier, deux projets sur les quatre présentés à ces Plateaux Lorrains trouvé des acheteurs, voire des co producteurs parmi les programmateurs présents.
Gaël CALVEZ.

QUATRE PROJETS À DÉCOUVRIR CE SOIR


Les quatre projets retenus seront présentés ce soir dans un ordre différent d’hier :
18 h : Quai Ouest de Bernard-Marie Koltès par la Compagnie La Déformante (Emilie Katona, Meurthe et Moselle).
19 h : Entrailles de la Compagnie Azimuts (Michael Monnin et Isabelle Raulet, Meuse) -
20 h : L’Araignée au plafond de la Compagnie Le plateau ivre (Hélène Tisserand et Pierre-Marie Paturel. Vosges)
21 h : Pan vu d’avion de Christophe Tarkos par la Compagnie Nunatak (Véronique Albert. Moselle).
À noter que chaque présentation dure quarante minutes et se poursuit par vingt minutes d’échanges avec le public.
On peut assister à toutes les quatre ou seulement à l’une d’entre elles.

Entrailles et ses empreintes sonores





Résidence "Entrailles" Plateaux Lorrains

Entrailles et son bonhomme de chemin.

Un autre type de recherche que ces Plateaux. Comment faire ressentir l'endroit où cela va se passer. L'émotion nait aussi d'une forme. Pas que, mais aussi. Question d'équilibre et de tenue d'une idée.
Dés lors comment toucher de l'esprit ce que va donner ce spectacle de Rue ? Où sont les pivots esthétiques, les lignes de forces ? Comment les donner à imaginer dans un espace réduit, non-spectaculaire et ouvert au débat ? C'est le pari de ces 5 jours de fabrication in situ.

Entrailles mélange danse, théâtre, vidéo, scénographie architecturale et électroacoustique, en pleine nature (et dans une salle de 30 m2 pour l'instant !), mais il est vrai que la diffusion des espaces acoustiques occupe l'esprit, un dispositif complexe de technique est autant une chance qu'un défi. 
Une contrainte comme une provocation à ne pas lâcher prise sur les enjeux d'un spectacle qui veut faire ressentir avant de dire.

Dans cette salle de quelques mètres carrés il est facile d'impressionner à coup de multidiffusion, d'effets sonores et de bricolages inouïs, mais ce n'est pas le spectacle. Entrailles est un état de va-et-vient entre passé et futur. Un présent composé d'une vie de femme. Un point de vue qui navigue, qui explore au travers des temps manipulés un sentiment de vérité. Un parmi d'autres certes, mais avec cette volonté de toucher l'universelle qui tend les existences.

Finalement, les Plateaux Lorrains permettent d'affiner les esprits. La danse est mouvement, le son est mouvement, le texte est mouvement, tout est mouvement et il est fascinant d'essayer d'en extraire le substantifique pour en montrer tout l'universalité. Là où la justesse d'émotion correspond à l'esprit du texte et des envies, à la profondeur cachée des thèmes abordés. Ce peu montré doit déjà être le tout à explorer.

Le choix de l'abstraction par exemple, choix de forme, est déjà un choix de parole (c'est aussi un sacré défi en Rue !). Une parole qui se veut entièrement accessible (le paradoxe du non mélodique est d'échapper aux enfermements des codes culturels, ce qui apparaitavant-gardiste, ou bizarre, ou étrange, ou contemporain, ou du bruit, ou pour initiés etc, etc, n'est qu'un moyen incroyablement ouvert qui permet de s'appuyer sur les imaginaires de chaque spectateur, sans exclusive).
Le choix du texte aussi. Dit, en voix off, dansé, fracturé, elliptique... un choix à faire, à distribuer, à tester.
Et la danse, et la danse, ce geste, ce quotidien révélé, cette histoire en mouvement, ces strates d'expériences et de vies dénudé. La danse. Objet du regard mais aussi de la vibration, une manière d'être en l'air, de fendre l'air, de peser sur le monde, de donner à sentir la gravité, de terrestres pensées, d'ailleurs à survoler. Et la métaphysique du geste, le corps qui parle, sans codes, libre, ouvert. Une danse abstraite ? Une danse de tous les jours, une danse par tous.

Les Plateaux Lorrains ne sont, finalement, outre la présentation des ambitions et des choix déjà fait, qu'un plat de questionnements encore fumants. La présentation d'une réflexion en cours, nourri des tentatives et des contraintes que l'on découvre au fur et à mesure.

Voilà donc un work in progress. Un travail en cours où l'on débusque les bonnes questions sans se soucier pour l'instant des uniques solutions. Entrailles au Plateaux Lorrains ou l'art des futurs funambules.
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